Quantcast
Channel: Actualité – le Journal du Funéraire
Viewing all articles
Browse latest Browse all 5269

Cécilia Palomino, une designer chez Funeral Concept

$
0
0

le Journal du Funéraire

Design et funéraire sont ils fait pour se rencontrer ? « Oui » répond sans hésiter Cécilia Palomino, qui, avec Freddy de Funeral Concept, a créé trois monuments. Interview… et visite commentée par l’artiste en prime.

L’enthousiasme de la maturité

Cécilia Palomino a l’enthousiasme de la jeunesse sans manquer de maturité. Il faut dire aussi que la designer a du vécu « Je suis en cinquième année à l’Ecole de Design de Nantes. Mais j’ai passé deux ans, dans le cadre de mes études, à Bangalore, en Inde. » mais comment passe-t-on de l’art hindou au design de sépultures métalliques en Vendée ? « Pour finir mes études, il fallait que je fasse un stage. J’ai rencontré Freddy, nous avons discuté de son activité et de la façon dont il concevait le funéraire, et je me suis dit que je pouvais apporter ma contribution ».

Repenser le funéraire

Mais le funéraire, pour une jeune designer, c’est triste, non ? « Au contraire, je l’ai vu comme une immense page blanche. Quand on y songe, depuis des centaines d’années, la tombe n’a pas évolué. C’est une pierre de granit, certes de différentes couleurs, certes travaillée, mais le principe reste le même. Et ce qui me frappe, c’est que la plupart des gens vont, quoi, une fois par an au cimetière ? En Inde, ou j’ai vécu, c’est totalement différent : les cimetières sont des lieux de vie ».

Cécilia a donc créé trois monuments durant son stage « Ils seront au catalogue, proposés tels quels, ou comme base pour créer autre chose. C’est l’avantage des monuments en acier de Funeral Concept : c’est une matière beaucoup plus facile à travailler que le granit, on n’a pas à brider sa créativité ou ses envies. » Ces monuments ont chacun été pensés selon une idée précise « recréer un lien affectif, adoucir positivement le deuil. Je voulais susciter la nostalgie plus que la tristesse ».

Après son stage, la jeune femme a envie d’autres horizons « J’ai envie d’explorer d’autres choses, des pistes auxquelles on ne pense pas suffisamment. Mais, à l’occasion, je dessinerai volontiers d’autres monuments. Je vous l’ai dit : c’est une immense page blanche ».

Visite guidée

Pour mieux comprendre le travail de Cécilia Palomino, rien de mieux que de le voir. Voici donc les photos de ses réalisations, avec, pour chacune, le commentaire de la designer.

Memorie

Memorie

« Le nom est évocateur, nous avons fait exprès de le choisir, pour qu’il soit explicatif et simple à retenir. Celui-ci part d’un constat : sur une tombe, on met des plaques en granit, et, quand il n’y a plus de place, on arrête, et tout reste figé. Les plaques, ça me fait un peu penser à des cartes postales pré-remplies. Le plaisir est plus grand d’en recevoir une qui a été écrite à la main, par la personne qui vous l’a adressée. »

« Tout le monument tourne autour des plaques funéraires. C’est la dernière trace sentimentale que vous laissez, et c’est mieux si vous l’écrivez à la main. Quelques mots, un dessin, une photo, voire une empreinte de main, tout est possible. La stèle est centrale, et tout vient ensuite s’articuler autour ».

« Les plaques sont protégées en dessous, pour ne pas rayer le monument, à la longue. On peut les fixer, si la famille le souhaite. Mais la forme est pensée pour offrir de multiples variations, et on peut les réorganiser régulièrement, pour ne pas faire de ce lieu de recueillement un endroit figé. Plutôt une mémoire vive. »

Suna

Suna

« Suna signifie  »sable » en japonais. Elle propose deux possibilités inédites. »

« Quand j’étais petite fille, mes parents m’amenaient voir ma grand-mère au cimetière. Il fallait marcher, c’était fatiguant. Arrivés sur la tombe, ils m’interdisaient de m’asseoir, parce que ça ne se fait pas, de s’asseoir sur une tombe. Alors que si j’avais pu m’asseoir, je serai restée plus longtemps auprès de ma grand-mère, et ça lui aurait peut être fait plaisir. J’y ai repensé, et j’ai pensé aussi aux personnes âgées, qui venaient moins souvent, aussi, parce que c’était fatiguant. J’ai eu cette idée comme ça, comme si on allait rendre visite au défunt chez lui, et qu’il nous offrait une chaise, pour qu’on soit à notre aise, et qu’on reste plus longtemps avec lui ».

« Après, une fois assis, on fait quoi ? Pourquoi pas un jardin, avec du sable, pour qu’on puisse écrire des messages, des dessins, des choses très éphémères qu’on aurait envie de dire sur l’instant, qui s’effaceraient avec la pluie et le vent pour que la fois suivante, on puisse dire autre chose. C’est aussi un petit jardin, ou l’on peut par exemple faire pousser les plantes préférées de l’être aimé. Ainsi, la vie renaît. »

« C’est un monument qui a deux inspirations, la philosophie zen et aussi le Land Art, ces œuvres d’art éphémères en pleine nature. »

Pando

Pando

« Une chose m’a frappée, quand j’ai fait mes recherches, c’est que l’arbre de vie existe dans toutes les cultures, à toutes les époques. Je n’arrive pas à l’expliquer, mais c’est indubitable. Pour ce monument cinéraire, on a donc fait un arbre. »

« Dans d’autres cultures, on accroche des petits bouts de papier, des messages, voire des bouts de ficelle, pour communiquer avec les défunts. Il n’est pas livré avec un mode d’emploi, chacun fait ce qu’il veut, mais si les visiteurs voulaient se servir des branches pour accrocher des messages, se l’approprier, ça réveillerait un écho de ces coutumes ».

« Je ne veux rien imposer, mais laisser l’opportunité aux proches de s’inventer de nouveaux rituels, d’interagir. Peut être que ça donnerait envie aux gens de revenir dans les cimetières. »

le Journal du Funéraire - Actualité du funéraire, des pompes funèbres, des crématoriums


Viewing all articles
Browse latest Browse all 5269


<script src="https://jsc.adskeeper.com/r/s/rssing.com.1596347.js" async> </script>