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Progrès de la science, problème de la thanatopraxie ?

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le Journal du Funéraire

Un cœur artificiel, un nouveau pacemaker miniature… La médecine progresse, impressionnant même les observateurs les plus blasés. Mais cela ne va pas sans poser question au funéraire. Les progrès de la science deviendront ils le problème de la thanatopraxie ?

Nouveau pacemaker

Un nouveau pacemaker fait son apparition, actuellement sur le marché. Implanté par une équipe du CHU de Grenoble pour la première fois en France en décembre dernier, il est révolutionnaire dans son fonctionnement. Minuscule, doté d’une énorme autonomie, il est implanté sans chirurgie directement dans une valve du cœur, en passant par une artère. Il peut fonctionner sur sa pile entre 9 et 13 ans, et est simple à retirer en cas de changement de batterie ou de panne.

Récemment également, un cœur artificiel a fait son apparition. Encore au stade expérimental, ce dispositif pourrait, d’ici quelques années, se généraliser voire remplacer les greffes « in vivo » dans une majorité de cas.

Sans compter les prothèses capables de remplacer certains organes sur lesquelles certains des esprits les plus brillants de la planète travaillent actuellement. Tout ceci va tellement vite, tellement loin, que certains journaux parlent aujourd’hui d’immortalité putative, et annoncent que les enfants nés cette année pourraient, à ce rythme, vivre mille ans.

Reste à souhaiter qu’ils se trouvent un loisir prenant pour occuper tout ce temps là. Plancher sur les problèmes de surpopulation, de chômage et de retraites devrait les occuper un moment, soit dit en passant. Vaut il mieux vivre mille ans en se nourrissant d’insectes, ou se contenter de 80 ans en dégustant régulièrement des tournedos Rossini ? Là n’est pas la question. Notre génération mourra, c’est inévitable.

Pas de chômage encore pour les croque-morts

Notre profession n’a pas encore à se soucier des risques de chômage. Néanmoins, à court terme, nous aurons un autre problème sur les bras. Si l’on est assistant funéraire, on pourra toujours lancer la patate chaude aux thanatopracteurs, et si l’on est thanatopracteur, il faudra prévoir un bon shampoing contre le blanchissement prématuré des cheveux.

En effet, deux alternatives sont possibles : soit une équipe de chirurgiens sera affectée post mortem au retrait de ces prothèses, pacemaker, cœur artificiel, et celles encore à venir, soit le thanatopracteur devra lui-même procéder au retrait, en sortant du champ maîtrisé de sa profession pour s’aventurer sur le terrain inconnu de la boucherie.

Peut on imaginer un thanato, tout expérimenté fut-il, faire une incision en Y pour retirer le foie artificiel, les reins artificiels, et inciser le cœur pour en extraire un pacemaker à peine plus gros qu’une pièce d’un euro ? Dans un funérarium, cela semble déjà quasi-impossible. Dans un domicile, sur le lit de mort du défunt, l’expérience pourrait rapidement évoquer les meilleurs épisodes de Dexter.

Entendons-nous bien : ce n’est pas la compétence des thanatopracteurs qui est ici remise en cause, mais leurs moyens. Moyens techniques, mais également connaissances, puisque s’il existe une procédure pour retirer ces équipements, le professionnel devra en faire l’apprentissage.

Thanatopracteur rime avec ingénieur ?

La solution la plus simple sera bien entendu, pour les prothèses les plus lourdes, de la faire retirer par un médecin en environnement hospitalier : il a la formation adéquate, et l’équipement. Ce qui implique un transport du défunt du lieu de décès vers l’hôpital, puis un nouveau transport vers le lieu de dépôt du corps.

Mais les médecins le feront-ils ? Insuffisants en nombre et en moyens pour s’occuper des vivants, prendront ils le temps d’en plus se charger des morts ? Rien n’est moins sûr. Déjà aujourd’hui : demandez à un thanatopracteur combien de pacemakers ils ont retirés sur des défunts qui, selon le certificat de décès, n’étaient même pas censés en porter.

Et les nouvelles prothèses seront indétectables de l’extérieur. Seule solution, s’équipe de détecteurs de métaux. On imagine le thanatopracteur arriver avec ses valises et sa poêle à frire à la main (petit surnom affectueux donné aux détecteurs à cause de leur forme caractéristique). Et une fois qu’il aura décelé la présence d’une prothèse métallique, il lui rester à en déterminer la nature, si le retrait est nécessaire… Ce qui, faute d’un dossier médical suffisant ou correctement complété, reviendra à ouvrir, avec ce que cela implique de technicité et d’équipements.

La solution ? Nous n’en avons pas. Pas de simple, en tout cas. Reste à espérer que les médecins qui créent ces appareils et mettent au point leurs protocoles d’implantation mettront également au point leurs protocoles de retrait post-mortem. Outre les dangers que ces appareils peuvent présenter, en cas de crémation (explosion) ou d’inhumation (dispersion de métaux polluants), la loi oblige aujourd’hui tout simplement le retrait de ces appareils. Alors peu importe qui et comment, l faudra quelqu’un le fasse.

Les thanatopracteurs qui seraient au fait d’une procédure ou porteurs d’une idées sont invités à contacter la rédaction pour la proposer à la communauté des professionnels.

Merci à Fabrice Pautonnier, thanatopracteur à Quimperlé, d’avoir attiré notre attention sur ce problème.

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