Les pompes funèbres subissent les effets de la crise : contrairement à une idée reçue, les officines souffrent. Un point sur les causes et les conséquences.
Une profession déjà taxée
La mort en France est taxée à 20 %, sauf quelques rares exceptions. Nous avions déjà eu l’occasion d’aborder ce sujet, un petit rappel ne nuit pas.
La TVA (20 %, parfois 10 % sur deux services), les taxes de crémation, taxes d’inhumations, taxes de concessions… Même si toutes ces charges ne pèsent pas forcément sur les pompes funèbres elles-même, mais sur la famille, ce sont néanmoins les professionnels qui sont chargés de présenter la facture aux familles… Après avoir présenté le devis.
Les choix douloureux
Et, quoiqu’on raconte, le pouvoir d’achat baisse, peu importe les statistiques. Pouvoir d’achat réel, mais aussi pouvoir d’achat psychologique : même si on a les moyens de mettre 3000 euros dans un convoi, l’on n’est pas certain que demain, on les aura toujours. Quand on voir les patrons français manifester leur raz-le bol et leur épuisement, moral et financier, tandis que notre ministre de l’économie va inaugurer en grande pompe une usine… en Algérie, l’on se dit que ce n’est pas demain la veille que la situation va s’améliorer.
Et, par conséquents, tout le monde est en danger.
Sur un devis à 3000 euros, de plus en plus de familles font des choix. Le modèle de cercueil passe de l’ébénisterie au chêne simple, l’urne la moins dispendieuse possible, pour la gravure, on verra plus tard…
Et, puisque les taxes sont, pour beaucoup, incompressibles, ce sont sur les produits, et donc sur la marge des magasins, que les économies sont faites.
Et des problèmes épineux
D’autres problèmes épineux vont se poser en 2015 : modification des règles de temps partiel, nouvelles charges, et surtout, la notion de pénibilité. Les salariés seront encore plus protégés et plus lourds, administrativement parlant. La mutuelle unique qui se met en place, par exemple, a un coût.
Tout ceci va impacter petit à petit les pompes funèbres, ou la flexibilité est le maître mots : entre une semaine ou il y a dix convois, et une semaine ou il y en a un, ce ne sont pas les même besoins.
Avec l’impossibilité d’embaucher des salariés à temps partiel pour moins de 24 heures par semaine, sauf exceptions complexes, c’est l’intérim qui risque de remplacer les contrats.
Le glaive fiscal
Parce qu’après le « bouclier » fiscal, très élitiste, du gouvernement précédent, l’actuel manie le glaive fiscal avec dextérité. Il semblerai, à sa décharge, que sa promesse sera tenue : il n’y aura pas de nouveaux impôts. En revanche, les nouvelles taxes vont pleuvoir, et rien n’empêche le gouvernement de tenir sa parole en augmentant substantiellement les impôts déjà existants.
Au niveau des nouveautés, les entrepreneurs apprécieront certainement cette taxe qui servira à financer les syndicats. En des termes simples : les salariés verront leur salaire amputés d’une somme qui servira d’office à financer les syndicats, même s’il ne se reconnaît dans aucun d’entre eux. Tous les inconvénients de la cotisation… Sans aucun avantage.
Pendant ce temps
Aujourd’hui, des entreprises de pompes funèbres et marbrerie ferment. Les spécialistes du funéraire vont tellement mal que les faillites ont doublé pour passer d’une quarantaine en 2011-2012 à 70 à 80 ces derniers mois. Et la baisse du nombre de décès en 2014 a surpris, alors que tout le monde anticipait la hausse.
On se demande comment les entreprises privées vont pouvoir résister en attendant une éventuelle délivrance, en 2017. Les lois seront elles le cercueil de la liberté du funéraire ?
Guillaume Bailly
le Journal du Funéraire - Actualité du funéraire, des pompes funèbres, des crématoriums