Pompes funèbres : pourquoi une limousine en convoi ?

le Journal du Funéraire

La concurrence fait rage entre les constructeurs de corbillards, encore renforcée par les vendeurs de limousines. Mais au fait, pourquoi renoncer à son fourgon pratique pour un véhicule plus cher ? Éléments de réponse.

Pour faire cet article, nous avons demandé à Olivier Defrancq, importateur des limousines Pilato en France, de nous livrer trois affirmations sur les achats de véhicules, afin que nous puissions les confronter à la réalité du terrain. Il nous en a livré quatre, en habitué au haut de gamme…

1 – La limousine permet de se démarquer de la concurrence avec un nouveau « produit ».

C’est une certitude : dans les villes ou une société de pompes funèbres s’est fait livrer une limousine, ça cause. La population en parle, le clergé en parle, puisque, comme nous le confiait un gérant de magasin Pascal Leclerc dans le sud de la France, lors de la première apparition de sa limousine lors d’un convoi à l’église, le curé en fit le tour complet, avant de commenter, admiratif, « Enfin un beau corbillard ! ».

La concurrence aussi, en parle. Généralement en mal, mais… Je garde en tête le gérant d’une société de pompes funèbres qui m’avait dis pis que pendre du corbillard limousine de son concurrent, un achat « ridicule et inutile, selon lui ». Quelques mois plus tard, il m’envoyait une photo de son équipe au complet posant à côté des deux limousines neuves qu’il venait d’acquérir.

Plusieurs vendeurs de Limousines nous l’ont affirmé, bon de commande à la main : lorsqu’une société achète un tel véhicule, la moitié des confrères se lancent dans les six mois qui suivent.

2 – Rendre au défunt un hommage plus respectueux ( à l’opposé  d’un fourgon « fourre-tout »)

Plus subjectif, il est vrai qu’il parle au Maître de Cérémonies que je resterai jusqu’à la fin de mes jours : il est plus classieux de rentrer le cercueil dans un véhicule dédié que de l’enfourner dans un catafalque jouxtant une caisse à outils.

« Oui, mais » répondront les pragmatiques « Cela oblige à avoir deux véhicules ». C’est vrai. Reste à savoir ce que l’on veut. Et à soutenir la comparaison avec les convois des confrères qui, eux, ont une limousine, qu’ils facturent généralement à un tarif agressif.

3 – Revaloriser l’image de l’entreprise funéraire

C’est à double tranchant : d’un côté, il est certain que le corbillard donne une image très « haut de gamme », mais qu’à l’inverse, cela risque de faire jazzer, sur l’air « dis donc, il a les moyens ». « Pas du tout » répondent en chœur plusieurs concessionnaires, « il ne s’agit pas du véhicule personnel du patron. Dans les faits, nous avons constaté que les familles étaient plutôt positivement impressionnées par les entreprises qui réalisaient ces investissements pour leurs chers disparus ».

Un membre du réseau Le Choix Funéraire m’expliquait également que « J’impose systématiquement la limousine, sans réaliser de marge dessus, pour être au même prix, avec le véhicule d’accompagnement, que les confrères qui ne proposent qu’un corbillard standard, ce qui s’est rapidement su par le bouche à oreille. Ce que j’ai perdu en marge sur ce poste a été largement compensé par l’augmentation du nombre de convois sur ma société, 15 % de plus par rapport aux années précédentes. »

4 – Incitation de l’entreprise a fournir une prestation plus qualitative (ça passe par les costumes, le personnel etc…)

Il est encore vrai que, dans les entreprises qui se sont dotées d’un tel véhicule, les standards de qualité ont été rehaussés. Il faut dire qu’un costume usé et froissé sur le chauffeur-porteur ressortait encore plus sur le cuir surpiqué de la limousine.

« Tout cela s’est fait de manière presque inconsciente » m’expliquait, amusé, un entrepreneur indépendant qu salon de Lyon « Du jour ou le limousine a été livrée, j’ai vu mes porteurs venir me voir pour me demander des costumes neufs et des fers à repasser ! » avant de finir, hilare « je dois avoir un fond masochiste, parce que je suis là pour en commander une deuxième, et encore des costumes. » et c’est lui encore qui ajoute le mot de la fin « Vous savez ce qu’on dit sur les bons ouvriers qui ont toujours de bons outils ? C’est un rapport de cause à conséquence : quand on a de bons outils, on prend plaisir à bien travailler ».

Guillaume Bailly

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