Nabilla Benattia, star et égérie de ce que l’on nomme la téléréalité est aujourd’hui mise en examen et placée en détention provisoire pour tentative de meurtre et violences aggravées, personne n’a pu louper l’info, les médias se sont délectés de l’affaire.
Au-delà d’un simple fait divers, comme l’on voit des centaines à longueurs de journées malheureusement, nous sommes en droit de nous poser certaines questions. Depuis quelques années en France, au début des années 2000, nous avons découvert une nouvelle friandise jetée en pâture aux téléspectateurs : LA TÉLÉRÉALITÉ, genre d’émission voyeuriste où l’on peut observer ses semblables, et se rendre compte que tout le monde se fait chier au moins une fois par jour, et que l’on est pas les seuls à sortir d’énormes conneries…
En 2001, donc, le français découvre ce produit captivant venu des Pays-Bas : onze célibataires filmés 24h00 sur 24h00, toutes les pièces étant pourvues de caméras sauf les toilettes et un « boudoir », le CSA n’a pas cédé, il y avait même une caméra étanche dans la piscine au cas où. Et là l’homo erectus découvre les joies du voyeurisme, sans se cacher derrière ses rideaux, de se passionner pour le rien, pour le vide, au lieu de regarder et de vivre sa propre vie, il le fait par procuration via la lucarne magique.
Voyant le succès immense de Loft Story, d’autres producteurs friands de nouveaux concepts nous ont offert encore plus de spectacles, jusqu’où peut-on aller ?
Pourquoi pas un Dead Story ?, des caméras planquées partout dans une maison funéraire, les Anges du deuil-réalité…
On a créé des stars, des icônes de pacotilles, avant pour devenir « célèbre » il fallait vendre des milliers d’albums, tourner dans des dizaines de films, avoir écrit quelques best Sellers, être un sportif de très haut niveau, être un héros, aussi parfois. Maintenant il suffit qu’un producteur mette en avant la détresse humaine, la perte de certaines bases de notre civilisation comme la communication pour que des personnes comme Nabilla soient propulsées au-devant de la scène médiatique. Des personnes fragiles que l’on jette en proie à des spectateurs avides de la prochaine boulette, bévue etc. Jeux du cirque télévisuel.
Là il a été comblé le spectateur, carrément le vrai gros fait divers qui pourrait faire la une du nouveau détective, est-ce le point de non-retour de cette télé-réalité ? Mais surtout les médias devaient-ils s’emparer de l’affaire à ce point ? La présomption d’innocence n’a-t-elle pas été légèrement bafouée ?
Surtout je me demande comment une telle actualité a pu prendre le devant sur toutes les autres, ne nous prendrait-on pas un peu pour des cons ?
Mais je suis sûr et certain qu’il y a au moins un producteur qui se demande s’il va être possible de cloquer des caméras dans tout le tribunal, et surtout d’orienter le téléspectateur vers un numéro surtaxé afin qu’il vote pour la condamnation ou l’acquittement de Nabilla.
Et si la télévision éloignait de la réalité ?
Sébastien Mousse – L’atelier Mosésu

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