Suite au mouvement qui a eu lieu vendredi au Pôle Funéraire Public de l’Albigeois, nous avons cherché à en savoir plus et avons pris contact avec le Pôle et avec la CFDT, syndicat partie prenante dans l’affaire.
Pour la CFDT : entretien téléphonique avec Monsieur William Lefèbvre, secrétaire général du Syndicat C.F.D.T. Interco du Tarn.
Pouvez-vous nous rappeler les éléments de l’affaire ?
« Toute l’affaire remonte à un certain temps. Ca a commencé par un délégué du personnel affilié à notre syndicat qui nous a fait remonter des difficultés dans l’entreprise, éprouvées par une grande partie des salariés, plus de la moitié de l’effectif. Il s’agissait de difficultés classiques, de celles qui peuvent être rencontrées dans n’importe quelle entreprise, concernant le management ou les conditions de travail.
Comme nous le faisons à chaque fois, nous nous sommes entretenus avec les salariés concernés. Et là, ça a été comme si une vanne s’était ouverte : se sentant enfin écoutés, ils nous ont fait part de problèmes dont l’ampleur allait bien au delà de ce que l’on pensait. Des difficultés dans le travail, mais aussi dans le respect dû aux défunts, et sur certaines pratiques concurrentielles.
Nous avons pris les témoignages, fait les recoupements, comme nous le faisons à chaque fois, puis nous avons fait remonter l’ensemble des éléments à notre Fédération nationale notamment. Il nous a été conseillé de nous rapprocher des élus, mais aussi de transmettre les éléments paraissant être, manifestement, des infractions à la loi, au procureur de la république.
Je tiens à souligner ici l’exceptionnel courage des employés, qui ont produit des attestations, fourni des photos, parfois comme éléments de preuve, et qui maintiennent leurs déclarations malgré les pressions.
Qu’est-ce qui a précipité les événements ?
Ce qui a précipité les choses, c’est la convocation d’un de nos délégués du personnel pour un entretien préalable de licenciement. Un des deux délégués du personnel, le seul à être encore sur place, l’autre ayant fait une dépression nerveuse, usé par tout cela.
La lettre précisait que c’était pour « motif personnel ». Lors de l’entretien préalable, seul le président était là, et les faits reprochés sont restés à tout le moins flou. Il s’agirait d’une enquête interne, plus qu’autre chose, et à aucun moment le terme de licenciement n’a été prononcé. On en est là, pour le moment, il n’est pas encore fixé sur son sort.
C’est ce qui nous a poussés à l’action : jusqu’à présent, nous avions cherché une solution raisonnable et concertée, mais devant cette attaque, nous avons choisi de médiatiser l’affaire.
Pourquoi est-ce que ça a pris si longtemps ?
A la CFDT, nous avons pour habitude d’être dans le dialogue et la concertation pour trouver une issue favorable aux salariés, qui ne nuise pas à l’entreprise, pas dans l’action coup-de poing sans réflexion.
Nous avons averti les services du procureur sur certains volets de l’affaire, il a diligenté une enquête qui est en cours, mais ça prend du temps. Nous avons alerté les services de l’Etat sur des pratiques concurrentielles, qui ont mené ses investigations. Pour le volet social, qui nous concerne de plus près, nous sommes allés, l’actionnariat de cette entreprise étant exclusivement détenu par des communes, rencontrer les élus, notamment Madame La Maire d’Albi, récemment élue.
Nous avons été bien reçus, attentivement écoutés, avec une certaine bienveillance, mais tout cela n’a pas été suivi d’effets. Comme si les personnes concernées en étaient empêchées. Je ne veux tirer aucune conclusion de tout cela, simplement rappeler que ce n’est pas parce qu’une enquête est en cours qu’il ne faut rien faire pour améliorer la situation.
Après, on nous a reprochés une certaine lenteur, voire une attitude attentiste. J’assume totalement : nous ne voulions, dans un dossier aussi complexe et sensible, surtout pas agir précipitamment. Mais nous ne pouvions pas laisser passer cette tentative de licenciement, qui semble relever de l’initiative individuelle malheureuse, d’ailleurs.
A ce propos, nous avons fait circuler une pétition qui a recueilli plus de 300 signatures, en plein mois d’août.
Et la manifestation proprement dite ?
C’était une marche pour la dignité, qui a fédéré au delà des employés concernés. Des confrères ont rejoint le cortège, d’autres sociétés qui voulaient apporter leur soutien, d’anciens salariés du Pôle, des personnes proches de tel ou tel culte, y compris prêtres et laïcs de l’Eglise catholique qui s’étaient rendu compte que quelque chose n’allait pas.
Ces employés du PFPA sont vraiment des personnes attachées à leur société, passionnées par leur travail et très soucieuses du respect dû au défunt, et que la marche regroupe autant de personnes autour d’eux prouve qu’ils ont bien été compris.
Et maintenant ?
Une réunion du conseil d’administration a été convoquée jeudi dernier, nous attendons les conclusions. J’ai bien entendu des bruits, mais ce sont des bruits, je préfère vous parler de faits.
L’enquête de la DGCCRF est en cours, celle diligentée par le procureur aussi. Notre collègue attend d’être fixé sur son sort, mais il se battra de toute façon.
Certaines choses semblent s’être un peu améliorées, comme le respect au défunt, pas suffisamment, mais assez pour voir que nos démarches ont des effets concrets.
Pour nous, tout cela ne s’arrêtera de toute façon que lorsque la situation sera revenue à la normale, des conditions de travail dignes et saines et respectueuses, autant pour les salariés que pour les familles qui leur accordent leur confiance.
Les salariés mènent leur lutte avec un courage admirable, et de se sentir soutenus comme ils l’ont été vendredi les a confortés dans leur détermination.
Pour les PFPA : contactés par téléphone, les PFPA nous ont fait savoir par la voix du Directeur Général qu’ils ne « feraient aucune déclaration ».
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