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Quitter le funéraire : Franck, « un métier affreux »

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le Journal du Funéraire

Notre métier est un métier de passion, ou l’on entre généralement par hasard, et ou on reste par conviction. Il en est toutefois à qui le métier ne convient pas ou qui souhaitent prendre leurs distances. Premier de cette galerie de portraits, Franck M.

Franck n’a pas souhaité donner son nom de famille « Pour éviter de vexer certains de mes collègues qui pourraient être choqués par mes propos ». Il a quitté les pompes funèbres il y a de cela maintenant un an, après quatre ans en tant que porteur-chauffeur dans une grande société de l’Est de la France. Au terme de l’entretien, Franck concède bien volontiers qu’il était insuffisamment préparé et peut être pas totalement fait pour ce métier.

Parcours

Franck a un parcours relativement classique dans le circuit « Je suis opérateur sur machine outils, à la base, et la société pour laquelle je travaillais a déposé le bilan. Je me suis donc inscrit dans le parcours habituel, ANPE en ce temps-là, et les agences d’intérim. Une amie de ma femme travaillait dans une d’elle, ce qui m’aidait bien. Un jour, je passai déposer mes heures, je venais de finir une mission, comme c’était calme, elle m’avait offert un petit café, et elle m’a dit en rigolant qu’elle avait une demande pour une société de pompes funèbres pour un porteur. On en a ri ensemble, mais, en rentrant chez moi, je me suis dit  »pourquoi pas » le lendemain, je l’ai rappelée pour lui demander de me mettre sur le poste ».

Très vite, Franck tombe sous le charme de son nouveau métier de chauffeur-porteur « C’était une grosse société, avec une ambiance sympa, et le job n’était pas compliqué. On m’a proposé un CDD en temps partiel, comme les ASSEDIC complétaient, je me suis encore dit  »ça changera un peu » puis je me suis retrouvé en CDI à temps complet. »

Difficultés familiales

Comment ça s’est passé avec ta famille « Au début, ils se sont dis que j’expérimentai, que je jouais un peu au touriste. Quand j’ai signé mon CDI, globalement, ils ont respecté mon choix, surtout ma femme, parce que j’étais vraiment enthousiaste. Même si au niveau du salaire, j’y perdais. » Beaucoup ? « Le calcul est assez vite fait, quand j’étais opérateur machine outil, je gagnai 1800 euros net, je finissais mon travail le soir à 18 Heures, j’étais à la maison le week end, etc… aux pompes funèbres, à plein temps, comme porteur, avec une permanence par mois, quelques sorties de nuit, week-ends etc… j’arrivai à un petit 1400 net. Ma femme me disait que j’étais antisarkozyste,  »travailler plus pour gagner moins » » rit Franck, un peu jaune.

D’amusante au début, la situation se dégrade petit à petit. « Ce qui s’est passé, c’est qu’on m’a fait miroiter, un passage du diplôme d’assistant funéraire, une agence sous ma responsabilité, etc… Quatre ans de promesses, ou mon salaire n’a pas augmenté, ou je ne passai plus de temps avec ma famille. L’ambiance est devenue de plus en plus morose, et ça n’aidait pas à supporter certaines choses dans le travail, des situations pas faciles, pas la peine de te faire un dessin. Au bout de quatre ans, j’en étais exactement au même stade que quand j’avais commencé. Un jour, je suis rentré chez moi, je venais d’aller chercher un suicidé par pendaison, on avait fait les obsèques d’un enfant le matin, le genre de très sale journée qu’on passe parfois, et quand je suis rentré à la maison, ma femme faisait la tête, comme à chaque fois qu’on recevait une facture. Là je me suis dit que ça suffisait, qu’il fallait que je quitte soit mon boulot, soit ma femme » Franck n’a pas divorcé…

Bilan

Comment tout cela s’est il fini ? « J’ai décoché mon téléphone, appelé des copains, et deux semaines plus tard, j’ai retrouvé un travail, opérateur sur machine outil à commande numérique, bref, mon ancien job. Ce qui m’a profondément agacé, c’est quand j’ai posé ma démission, le patron a eu l’air franchement surpris, voire déçu. »

Quelle vision garde-t-il du métier ? « Une vision assez mitigée. C’est un métier affreux fait pas des gens formidables dans des conditions épouvantables » Ca te manque ? « Non, pas particulièrement. L’ambiance dans l’équipe me manque un peu, la petite satisfaction que tu as quand tu as fait un beau convoi me manque parfois aussi, mais les horaires de tordu à un tarif ridicule, non, ça me manque pas. »

Quel conseil donnerais-tu à un petit jeune qui voudrait se lancer dans le métier ? « Je ne sais pas. D’arrêter de se faire des films et de penser à son avenir, peut être. Et d’arrêter de rêver. C’est pas un métier pour les gens qui rêvent, ça, c’est sûr ».

le Journal du Funéraire - Actualité du funéraire, des pompes funèbres, des crématoriums


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