Ces affaires sont fréquentes : des associations, environnementales, de riverains, etc… qui s’opposent à la construction de crématoriums. Ces recours sont ils légitimes, et évitables ? Nous avons recueilli l’avis de Thomas Beaucourt, spécialiste du sujet.
En effet, Thomas Beaucourt est concepteur et maître d’œuvre pour la construction de crématoriums, et ces recours sont son lot quotidien. Ses explications sont éclairantes, et contribuent grandement à nuancer le sujet.
De la genèse à la révélation
« Un projet de crématorium » explique Thomas Beaucourt, « est un grand défi de communication. Une implantation aujourd’hui doit respecter les règles de protection de santé et d’environnement, ce qui est tout à fait normal et évident, mais il faut en plus que cela se sache. Beaucoup de problèmes viennent de là. » auquel un second problème majeur se rajoute « Il y a aujourd’hui une multiplication des projets, on peut en avoir 2, 3 dans certaines zones, et tout cela refroidis les élus. Les exemples malheureux qui existent aujourd’hui sont souvent d’initiatives publiques comme le crématorium public de Roanne qui a été construit après celui de Mably à moins de 100 m de ce dernier.
Songez que les démarches coûtent de 30 à 50000 euros à la collectivité, puis l’étude d’impact obligatoire coûte 25000 euros au délégataire, et enfin toutes les autres formalités coûtent environ 30000 euros. Un projet de crématorium a donc coûté 100000 euros avant même que l’on ait déposé le permis de construire. »
Coût élevé, développement anarchique et faussant la concurrence dans certaines zones, les recours justifiés ou non, entravent aujourd’hui des projets qui seraient nécessaires. La législation à l’étude au sénat permettra peut être de réguler au moins une partie de ces problèmes.
Les recours
Que pense-t-il des recours nombreux déposés par les associations, écologistes par exemple ? « La préservation de l’environnement est tout à fait légitime, dans ce cas là, c’est lors de l’étude initiale que le terrain a mal été choisi. On a moins de chance de rencontrer ce genre de problèmes lorsqu’on construit dans une zone industrielle ou déjà urbanisée que lorsqu’on veut implanter un crématorium en pleine forêt ».
Et ce professionnel souligne que la législation est trop lourde.
« J’ai eu un cas où le crématorium était implanté le long d’une route départementale sur un section en ligne droite, limitée à 70 km/h aux abords immédiats du terrain. Pour cette opération, nous disposions d’un certificat d’urbanisme autorisant l’accès au terrain pour l’implantation d’un établissement recevant du public. Un autre projet de crématorium, à proximité immédiate et qui était porté par la collectivité voisine, a été lancé alors que nous avions obtenu la délégation de service public et déposer les dossiers de demande de permis de construire et d’autorisation préfectorale.
L’étude de marché faisait clairement apparaître qu’il n’y avait pas la place pour deux crématoriums et, curieusement, lors de l’instruction du permis de construire, l’accès au terrain n’était plus possible pour ce crématorium, alors qu’il avait été autorisée pour un établissement recevant du public par un certificat d’urbanisme ?.
Malgré de nombreux recours, et compte tenu des lenteurs administratives se crématorium n’a pu être construit.
Nous avons pu constater pour ce dossier, qu’en fonction des volontés des différents dirigeants influents locaux, les autorisations étaient plus ou moins difficiles à obtenir, voire même annulées des autorisations déjà données… ! Et que, la longueur des recours administratifs mettaient à mal les projets.
Finalement, celui porté par la collectivité est aujourd’hui en activité.
Aussi, nous pouvons constater que même des détails qui paraissent évidents et ne posaient aucun problème peuvent devenir un obstacle majeur à la réalisation d’un projet. »
Les normes aussi sont trop lourdes « Le législateur change certaines normes, sur simple modification d’arrêté ministériel, en se disant que modifier un tout petit peu ceci ou cela ne change pas grand-chose. En réalité, cela change beaucoup, pour les normes antipollution par exemple, et cela a des conséquences que le législateur n’avait pas prévu. En revanche, les lobbys qui généralement sont derrière les avaient parfaitement calculées, eux, et en profitent largement. » Thomas Beaucourt ajoute « le législateur ne devrait pas écouter les lobbys, mais travailler en fonction des études et de la réalité du terrain. »
Recours, parfois abusifs
La construction d’un crématorium n’échappe pas aux trois règles de l’immobilier : L’emplacement, l’emplacement et surtout l’emplacement.
« Pour bien faire, je me tiens dans la mesure du possible éloigné de 200 mètres des habitations. Bien entendu, le terrain choisi joue beaucoup, ce n’est pas la même chose lorsque le terrain est placé dans une zone résidentielle ou industrielle. »
Thomas Beaucourt précise « Le gouvernement étudie un projet de loi pour remettre à plat les conditions des recours. Il y en a grand besoin. Les phases de recours sont tout à fait recevables lorsque le projet est à l’étude, les enquêtes sont faites pour. Mais celles qui ont lieu alors que toutes les enquêtes sont terminées et validées, quand le chantier a commencé, sont souvent abusives. C’est une forme de chantage. » De chantage ? « Oui, un riverain qui vient demander de l’argent en dédommagement, sinon il menace de déposer un recours. Les chantiers à l’arrêt, cela veut dire du retard, et d’importants surcoûts. Les promoteurs préfèrent payer. Et cela vaut pour tout les bâtiments ». Donc ces recours ne sont pas légitimes ? « il y a les phases d’études, et puis, lorsqu’on achète une habitation, il faut aussi se renseigner sur le plan d’urbanisme. Se demander si le terrain en friche en face de chez soi sera toujours en friche, ou si l’on est susceptible un jour d’y construire un immeuble. C’est trop facile de venir demander 30 000 euros d’indemnités parce qu’un immeuble de sept étages va venir vous gâcher la vue, alors que vous le saviez pertinemment. »
Les conseils d’un pro
Les conseils que donne Thomas Beaucourt sont les même que pour toute construction, les trois règles immuables de l’immobilier : l’emplacement d’abord, puis l’emplacement, et surtout l’emplacement. « L’idéal, c’est d’installer un crématorium à proximité des voies rapides. Il faut bien sûr s’assurer de l’approvisionnement en gaz, mais si ce n’est pas le cas, il sera plus facile de réaliser l’installation à proximité d’un grand axe. Cela facilite l’accès, aussi : les professionnels sont sur la voie rapide, ils prennent la sortie et arrivent directement. Parce que, si le crématorium est placé de l’autre côté de la ville, même si le terrain a été bien choisi et que les riverains sont d’accord, lorsqu’ils verront passer cinq corbillards par jour, ils en auront vite assez. »
et surtout « Communiquez. Un crématorium est un grand exercice de communication, et il faut tout dire, le projet, pourquoi, comment, les études, etc… Parce qu’il y a souvent des concurrents malintentionnées, un maire voisin opposé, et si vous laissez planer un doute, ils s’engouffreront dedans pour propager des rumeurs. »
Mais le meilleur conseil que l’on puisse donner, c’est de faire appel à Thomas Beaucourt. A quel stade du projet, d’ailleurs ? « Je m’occupe de tout, du tout début à la fin ».
Pour aller plus loin
ARCHIMAT
5 rue de la Porte d’Etampes
28700 SAINVILLE
Tél : + 33(0)2 37 91 33 33
Fax : +33(0)2 37 91 33 34
le Journal du Funéraire - Actualité du funéraire, des pompes funèbres, des crématoriums